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La Trousse Horizons est complémentaire aux formations disponibles au Québec et aux procédures de votre établissement. Consultez la page Ressources pour plus d’informations sur les ressources en prévention du suicide au Québec.

Le repérage est le processus de :

1, 2 et 3 Identifier les personnes présentant des vulnérabilités liées au suicide, les moments critiques et les signes de détresse liés au suicide 
4 Vérifier la présence d’idées suicidaires
5 Assurer la protection de la personne

Le repérage est l’affaire de chacun·e et de tous les milieux. Il n’est pas nécessaire d’être formé·e en intervention ou de savoir comment intervenir pour repérer les personnes en détresse.

Des formations au repérage existent, ainsi que des ressources pour des groupes spécifiques (enfants, personnes vivant avec une déficience intellectuelle, etc.). Cette page de la trousse présente des éléments à considérer ou appliquer lors du repérage des personnes qui pensent au suicide, avec une sensibilité particulière pour la diversité culturelle et l’expérience migratoire.

Points à retenir

  • Il importe de considérer la personne dans sa globalité, sans se concentrer sur un seul aspect de son vécu. Les enjeux liés au parcours migratoire, à la discrimination et à l’identité peuvent se cumuler et aggraver des facteurs de vulnérabilité.
  • La culture influence l’importance et les effets d’une situation ou d’un événement : ce qui semble banal pour une personne peut devenir critique pour une autre.
  • Appartenir à un groupe présentant des vulnérabilités liées au suicide, traverser un moment critique ou manifester des signes de détresse, de même que le croisement de plusieurs de ces facteurs, ne signifie pas nécessairement que la personne présente un danger de passer à l’acte.
  • Parler du suicide ne suggère pas l’idée du suicide. Au contraire, cela peut aider à déstigmatiser le sujet et encourager la recherche d’aide.
  • Cette trousse suggère un préambule à la question du suicide, afin de prendre en considération le sentiment de honte ou la crainte de stigmatisation que peut ressentir la personne.
  • Un repérage positif ne signifie pas une menace imminente. Seule une intervention complète permet d’estimer la dangerosité du passage à l’acte.
  • Les ressources proposées à la personne doivent être sensibles à ses craintes, ses méfiances ou son sentiment de honte.

1. Identifier les personnes présentant des vulnérabilités liées au suicide

Certains groupes présentent des taux de suicide plus élevés :

  • Les hommes
  • Les personnes ayant un trouble mental (trouble de l’humeur, trouble de personnalité, schizophrénie)
  • Les personnes ayant des troubles liés à l’abus de substance ou une dépendance au jeu
  • Les personnes dont un·e membre de la famille s’est suicidé·e
  • Les personnes ayant déjà tenté de se suicider (notamment dans l’année précédente)
  • Les victimes de traumatismes ou d’abus (violence sexuelle, conflit, violence organisée)
  • Les personnes autochtones

Sources : AQIISM, s.d.; Lebel et al., 2018; OIIQ, 2007; OMS, 2014

S’adapter aux besoins et réalités des groupes ciblés

  • Appartenir à un ou plusieurs de ces groupes ne signifie pas que la personne pense au suicide ou qu’elle va passer à l’acte. La tendance à stéréotyper est plus forte lorsqu’il y a une distance sociale et culturelle.
  • Les vulnérabilités et discriminations auxquelles une personne fait face peuvent se cumuler. Par exemple, le « stress minoritaire » chez les personnes réfugiées LGBTQIA+ combine plusieurs dimensions.
  • Certains facteurs de vulnérabilité sont particulièrement associés à la migration, à l’appartenance à un groupe minoritaire et à l’intégration, tels que le racisme, la discrimination et les obstacles à l’accès aux soins et services.
  • Certains troubles mentaux sont sous-diagnostiqués chez les personnes immigrantes ou appartenant à des communautés ethnoculturelles minoritaires et/ou racisés. Les raisons sont multiples : difficultés d’accès aux services, distance culturelle avec les soignant·e·s, outils culturellement inadaptés, stigmatisation, différentes manières d’exprimer la détresse, etc. (voir la page Suicide, diversité et migration). L’absence d’un diagnostic est donc un indicateur moins fiable de risque suicidaire chez ces groupes que chez la population générale.

2. Identifier les moments critiques

Chaque parcours de vie amène des situations et des événements pouvant provoquer un stress important, voire de la détresse. Si la personne présente des vulnérabilités liées au suicide ou a peu de facteurs de protection, les moments critiques peuvent augmenter le risque de passage à l’acte suicidaire.

Parmi les exemples suivants, les situations et événements en vert sont particulièrement associés au suicide chez les groupes ciblés par cette trousse :

  • Pertes significatives (p. ex. emploi, argent, statut, rupture amoureuse, décès d’un·e proche)
  • Perte de raisons de vivre
  • Perte ou abandon d’une structure encadrante (p. ex. congé de l’hôpital ou sortie de prison)
  • Violence conjugale
  • Annonce d’un diagnostic (p. ex. trouble psychiatrique, cancer)
  • Enjeux de médication (p. ex. premier mois d’un traitement antidépresseur, dosage, assiduité)
  • Enjeux liés à la dépendance (p. ex. rechute, descente après la prise de stimulants, sevrage, perte significative d’argent due au jeu)
  • Fêtes ou événements rappelant des pertes ou réactivant des traumatismes
  • Démêlés avec la justice
  • Problèmes à l’école ou avec les pairs
  • Traumatismes (p. ex. violence sexuelle, conflit armé)
  • Refus de la demande d’asile
  • Événements vécus de façon honteuse ou humiliante (« perdre la face »)
  • Difficultés scolaires, surtout quand les attentes sont élevées
  • Conflits avec les membres de la famille, le réseau de soutien ou la communauté
  • Discrimination ou traitement injuste
  • Difficultés importantes à s’adapter à un nouveau milieu culturel
  • Sentiment de ne pas être compris·e par les autres

Sources : AQIISM, s.d.; J. Chu et al., 2010; Colucci et al., 2018; Everymind, 2023

S’adapter aux besoins et réalités des groupes ciblés

Il importe de prendre en compte le vécu de la personne, ses besoins, ce sur quoi elle peut agir, son sentiment de contrôle, sa vision du monde, ses valeurs, ainsi que sa perception des événements passés ou futurs. En effet :

  • Les imprévus et les tournants qui composent l’expérience migratoire peuvent précipiter des comportements suicidaires (p. ex. refus de la demande d’asile).
  • La culture influence les effets d’un événement sur la personne et ses stratégies d’adaptation. Certains événements peuvent sembler anodins pour certain·e·s et avoir une grande importance pour d’autres. L’expérience d’échec, par exemple, est souvent mentionnée comme un facteur précipitant du suicide. Ce qui constitue « un échec », les codes d’honneur et l’importance de « sauver la face » varient selon les cultures.

3. Identifier les signes de détresse liés au suicide

Il est possible de détecter des signes de détresse liés au suicide. À garder en tête :

  • Les signes qu’une personne considère le suicide peuvent prendre plusieurs formes (propos directs et indirects, sentiments, comportements).
  • Certains signes ne signifient pas, à eux seuls, qu’une personne est suicidaire.
  • Une personne qui pense au suicide peut présenter quelques-uns ou plusieurs signes.

La liste suivante n’est pas exhaustive. Les signes de détresse en vert sont particulièrement associés au suicide chez les groupes ciblés par cette trousse.

Le fait d’exprimer :

  • Un désir ou l’espoir de mourir (p. ex. « J’ai le goût de mourir », « Je veux en finir », « Je veux disparaître » ou « J’en ai assez de la vie »)
  • Un désir de s’endormir et de ne jamais se réveiller
  • Du désespoir
  • Un sentiment de ne pas avoir de raison de vivre, de sens à la vie
  • Un sentiment que la vie est inutile ou sans valeur
  • Un sentiment que sa vie est un échec, qu’elle aurait été mieux dans le pays d’origine
  • Un sentiment d’être un fardeau (« les autres seraient mieux sans moi »)
  • Un sentiment d’être seul·e, même lorsqu’entouré·e de proches
  • Un sentiment d’être abandonné·e ou trahi·e
  • Une impression que rien ne va s’améliorer
  • Un sentiment d’être pris·e au piège, que le suicide semble être la seule façon de sortir d’une situation
  • Un fort sentiment de honte ou de culpabilité
  • Un sentiment que la mort serait une option honorable dans la situation
  • Une peur d’être déporté·e et retourné·e dans le pays d’origine, surtout s’il y a un risque de violence ou de mort
  • De la détresse liée à des remémorations d’événements traumatiques

Sources : AQIISM, n.d.; J. Chu et al., 2010; Colucci et al., 2018

Des comportements :

  • Des préparatifs (p. ex. rédaction d’une lettre d’intention, dons d’objet, réalisation d’un testament)
  • Une prise de distance avec la famille, les ami·e·s, la communauté
  • Une tristesse importante soudaine ou soudainement exacerbée
  • La recherche d’information sur le suicide et des façons de se tuer
  • Des blagues soudaines à propos de se donner la mort
  • Une rémission spontanée après un mal-être prolongé
  • Un délire de persécution
  • Une hallucination auditive dictant de se faire du mal
  • La négligence du corps
  • L’arrêt de médicaments ou de traitements vitaux
  • L’automutilation
  • Une aggravation des habitudes de consommation
  • Une douleur ou un malaise sans cause physique (somatisation)
  • Une prière pour que Dieu ou une puissance métaphysique prenne sa vie
  • La mise en danger de soi

Pop quiz

 

#1. Poser la question du suicide peut suggérer l’idée du suicide.

Faux. Cela permet d’ouvrir un espace pour parler de la souffrance et de réduire la stigmatisation, même si le mot « suicide » peut causer un inconfort chez la personne.

#2. Toute personne suicidaire paraît déprimée.

Faux. Bien que les symptômes dépressifs soient souvent associés au suicide, les personnes vulnérables au suicide ne présentent pas nécessairement ces signes. Les façons dont la détresse se manifeste et s’exprime varient selon une pluralité de facteurs dont le contexte, la langue et la culture.

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Résultats

S’adapter aux besoins et réalités des groupes ciblés

La position sociale et les identités culturelles de la personne peuvent exacerber des facteurs de vulnérabilité et rendre certains signes de détresse plus graves. Par exemple :

  • Subir des discriminations à la fois en raison de son identité de genre et de sa couleur de peau
  • Perdre un emploi alors que la langue ou le manque de reconnaissance des diplômes complique l’accès à l’emploi
  • Vivre de la détresse émotionnelle alors que la personne a eu de mauvaises expériences avec les services publics ou des barrières à l’accès aux soins et services
  • Vivre du désespoir lié au statut migratoire sur lequel la personne a peu ou pas de contrôle
  • Ressentir du rejet en raison de ses pratiques culturelles ou de son pays d’origine

Pour des indications précises sur les signes de détresse, comment les interpréter et les actions à prendre, consultez une formation accréditée en prévention du suicide, les procédures de votre établissement ou une personne de votre milieu habilitée à intervenir auprès des personnes qui pensent au suicide. Voir la page Ressources pour plus d’informations.

 4. Vérifier la présence d’idées suicidaires

Si vous êtes préoccupé·e par la personne, il importe de le lui exprimer, de vérifier si elle a des idées suicidaires et de l’orienter vers une personne de votre milieu habilitée à intervenir ou vers des ressources externes spécialisées.

Pour vérifier la présence d’idées suicidaires chez la population générale, des standards de pratique recommandent de :

  • Faire le lien avec les signes de détresse :
    • « Il peut être difficile d’être séparé·e de sa famille ou d’être incertain·e pour le futur… »
  • Nommer son inquiétude :
    • « J’ai l’impression que vous allez moins bien ces derniers temps, je comprends qu’il soit difficile de… »
  • Poser la question clairement, sans ambiguïté, et au présent
  • Utiliser les « vrais mots » : suicide, s’enlever la vie, mettre fin à sa vie, etc.

Sources : Association québécoise de prévention du suicide, Association québécoise des infirmières et infirmiers en santé mentale (AQIISM)

S’adapter aux besoins et réalités des groupes ciblés

La culture influence la manière de communiquer, d’afficher ou de dissimuler la détresse. Souvent indirectes, imagées ou métaphoriques, ces expressions peuvent passer par les mots, le corps ou les comportements. Pour plus d’informations, consultez la section Langage et styles de communication.

Les perceptions du suicide et les façons de chercher de l’aide sont liées aux façons d’exprimer la détresse. Or, les personnes appartenant aux groupes ciblés par cette trousse ont généralement moins tendance à partager leurs idéations suicidaires pour différentes raisons : stigmatisation, méfiance, crainte pour leur statut migratoire, peur d’une intervention limitant leur autonomie, etc. Pour plus d’informations, consultez la section Suicide et culture.

Quoi faire?

Nuancez votre compréhension de la personne et de son vécu (âge, genre, langue parlée, expérience de stigmatisation, etc.). Évitez les stéréotypes : une personne ne tient pas une conception particulière du suicide ou de la vie du seul fait de son appartenance à un groupe.

Parler du suicide ne suggère pas l’idée du suicide. Au contraire, cela peut aider à déstigmatiser le sujet et encourager la recherche d’aide.

Poser la question du suicide permet d’ouvrir un espace pour parler de la souffrance et de réduire la stigmatisation, même si le mot « suicide » peut causer un inconfort chez la personne. Avant de poser la question et pour mettre la personne à l’aise, il est important de créer un lien, d’exprimer son inquiétude et de normaliser la détresse.

Exemples de préambule « Parfois, des personnes traversent des périodes difficiles, se sentent tristes et inquiètes. Certaines pensent à s’enlever la vie, mais il est important de savoir que de l’aide est disponible. »
« Il peut être difficile d’être séparé·e de sa famille ou être incertain·e pour le futur. Les gens dans de telles situations souhaitent parfois se donner la mort. »
« Certaines personnes que j’ai rencontrées, vivant des situations ou présentant des symptômes similaires, m’ont dit qu’elles considéraient s’enlever la vie. »
1 Poursuivez de façon plus claire :

« Pensez-vous à vous enlever la vie? »
« Pensez-vous au suicide? »

2 Si la réponse est affirmative, suivez les procédures de votre établissement pour continuer l’intervention afin d’estimer la dangerosité d’un passage à l’acte suicidaire ou référez vers une ressource habilitée. Appelez le 1-866-APPELLE au besoin.

Si la personne répond ne pas avoir d’idées suicidaires, affirmez être disponible et ouvert·e pour parler. Reconnaissez et validez sa détresse et demandez ce qui pourrait être fait pour aller mieux. Ne considérez pas les réticences de la personne à dévoiler ses idées suicidaires comme un refus de discuter.

 5. Assurer la protection de la personne

Lors du repérage, des actions peuvent être prises pour soutenir la personne en détresse et assurer sa protection. Par exemple :

  • Orienter la personne vers des ressources internes ou externes habilitées à estimer la dangerosité d’un passage à l’acte suicidaire
  • Accompagner, selon l’urgence de la situation, la personne vers ces ressources
  • Documenter les signes de détresse et toute information pertinente, puis les transmettre à ces ressources

Seule une intervention complète permet d’estimer le risque de passage à l’acte suicidaire.

S’adapter aux besoins et réalités des groupes ciblés

  • Chercher de l’aide signifie quelque chose de différent pour chaque personne selon ses croyances, ses expériences, son interprétation de la situation et son ouverture au changement. La culture et les parcours migratoires influencent ces éléments. Pour plus d’informations, voir les sections Stigmatisation et Recherche d’aide.
  • Assurez-vous que la personne comprenne les ressources qui lui sont offertes, pourquoi et comment elles peuvent la soutenir, et ce qu’elles impliquent (coûts, accès aux services, confidentialité, etc.). La personne doit avoir confiance dans ces ressources pour les utiliser. Consultez la section Référencement sécuritaire et selon les besoins.
  • Les incertitudes sur la démarche à suivre sont normales. Cherchez conseil et soutien auprès de vos collègues ou des ressources locales. Voir la page Prendre du recul pour plus d’informations pour faire face à ces incertitudes.

Pour des indications précises sur le niveau d’urgence et les mesures de protection, consultez une formation accréditée en prévention du suicide, les procédures de votre établissement ou une personne de votre milieu habilitée à intervenir auprès des personnes qui pensent au suicide. Voir la page Ressources pour plus d’informations.

Vignettes (partie 2)

Pour visionner les autres parties des vignettes : partie 1, partie 3 et partie 4.

Alejandro

Homme dont la demande d’asile a été acceptée, il affronte les longues démarches pour faire venir sa femme et sa fille en sécurité.

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Après l’effondrement de ses espoirs de réunification familiale, Alejandro continue sa routine quotidienne. De l’extérieur, il semble calme et peu affecté. Marie tente de le contacter depuis une semaine. Lorsqu’elle réussit enfin, elle constate qu’il est apathique, un comportement qu’elle ne lui connaît pas. Ce changement préoccupe l’intervenante. Quelques jours plus tard, comme Alejandro ne répond toujours pas à ses appels, Marie se rend chez lui.

Elle trouve Alejandro détaché. Il lui dit se sentir « léger » et que tout va se résoudre pour son épouse et sa fille. Quand elle essaie de savoir comment il prévoit la suite, il répond vaguement, mais avec assurance: « Les choses vont s’arranger ».

Marie exprime son inquiétude à Alejandro et lui demande s’il pense au suicide. Alejandro, visiblement bouleversé, hoche la tête. Il explique qu’il a honte de ne pas pouvoir aider son épouse et sa fille, qui ont été forcées de déménager pour fuir les persécutions. Il se sent impuissant et coupable de ne pas pouvoir les protéger. Marie lui affirme qu’il existe d’autres solutions pour retrouver sa famille en sécurité, mais qu’il doit d’abord prendre soin de lui pour avancer.

Christopher

Adolescent de troisième génération vivant des discriminations à l’école, il peine à partager sa détresse à sa famille.

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À mesure que l’année avance, Christopher redoute les jours d’école, constamment préoccupé par ses notes, son avenir et le harcèlement qu’il subit. Ses enseignant·e·s remarquent qu’il semble souvent distrait. Christopher refuse de plus en plus les invitations de ses ami·e·s à sortir, préférant rester seul chez lui.

Un soir, sa sœur Julie entend leurs parents lui reprocher la baisse de ses notes et lui interdire de sorties jusqu’à ce qu’elles remontent. Christopher semble indifférent, mais plus tard, Julie l’entend pleurer dans sa chambre. Inquiète et ne voulant pas le brusquer, elle lui envoie un SMS lui proposant une oreille attentive. Christopher répond qu’il va bien et de ne pas s’en faire. Julie l’encourage tout de même à voir la psychologue scolaire, ce qu’il refuse. Elle lui dit être là pour lui s’il a besoin de parler.

Après plusieurs jours à regarder des vidéos sur l’expérience de dépression et d’anxiété partagées par d’autres jeunes sur les réseaux sociaux, Christopher décide de consulter la psychologue scolaire, Hélène. Il s’assure d’aller la voir après les cours, quand il y a moins d’élèves. Dès qu’il entre dans son bureau, Christopher se sent mal à l’aise: il doute qu’Hélène, une femme blanche, puisse comprendre ses problèmes. Malgré tout, il lui révèle avoir hésité à demander de l’aide, de peur de paraître faible. Il a honte d’être autant affecté par ses problèmes. Il sait qu’il ne va pas bien et que ses notes ont baissé. Christopher veut que la consultation reste confidentielle. Hélène souligne ses efforts pour chercher de l’aide et le rassure en lui expliquant que tout ce qu’il dit restera entre eux, sauf s’il y a un danger pour lui ou pour quelqu’un d’autre. Par exemple, si Christopher lui confie qu’il veut se faire du mal, elle devra en parler à d’autres adultes pour l’aider, mais elle s’engage à en discuter avec lui au préalable. Christopher parle alors du fait qu’il se sent perdu par rapport à l’avenir et des pressions de ses parents pour réussir à l’école. Hélène observe qu’il semble réticent à en dire plus et elle craint de le pousser trop loin.


Scénario 1 : Précipiter le dévoilement
Hélène a l’impression que Christopher n’a pas tout révélé de ses problèmes. Elle lui demande directement si d’autres choses le préoccupent, mais il évite de répondre. Elle comprend qu’il n’est pas prêt à s’ouvrir, mais elle souhaite explorer le problème. Quelques minutes plus tard, elle repose la question. Cette fois-ci, elle remarque de l’irritation chez Christopher. La psychologue réalise qu’elle l’a trop poussé et qu’il n’est pas à l’aise d’en parler davantage. Christopher quitte la séance en se sentant mal compris et ne retourne pas voir Hélène.

Scénario 2 : Prendre le temps de bâtir la confiance
Hélène évoque l’inconfort qu’elle perçoit chez Christopher et lui demande ce qu’elle peut faire pour y remédier. Il reconnaît qu’il a peur qu’elle ne saisisse pas bien ses préoccupations à cause de leurs différences de genre, d’ethnicité et de culture. Hélène lui assure qu’elle fera son possible pour l’écouter sans jugement et l’invite à lui dire s’il se sent mal compris. Ensemble, ils discutent des attentes et des préférences de Christopher pour leurs séances. Ayant pu exprimer ses appréhensions, l’adolescent quitte plus apaisé et avec un prochain rendez-vous.


Lors de la deuxième séance, Christopher explique qu’il a du mal à aller à l’école. Il a souvent envie de disparaître pour éviter ce qui l’attend. La psychologue lui demande s’il pense actuellement à s’enlever la vie. Christopher répond qu’il n’y pense pas activement, mais que l’idée lui est déjà passée par la tête.

Ivan

Réfugié et anciennement demandeur d’asile, il ressent des discriminations en raison de son orientation sexuelle et de son origine.

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Repérage manqué
Ivan se rend dans une clinique sans rendez-vous pour renouveler sa prescription. Il demande d’augmenter sa dose, expliquant qu’il a du mal à dormir et se sent souvent anxieux. Le médecin sait qu’Ivan est d’origine est-européenne et appartient à la communauté LGBTQIA+. Pressé par le temps et présumant qu’Ivan est un buveur et un fêtard, il concentre la consultation médicale sur sa consommation d’alcool ou de drogue. Ivan se sent jugé sur la base de stéréotypes. Il décide de dissimuler ses habitudes de consommation. Le médecin ne détecte ni le traumatisme ni la détresse émotionnelle d’Ivan.

Quelque temps plus tard, Ivan tente de se suicider. Après avoir avalé des pilules, il contacte son ami, Johan, qui appelle les services d’urgence.

Ivan est à l’hôpital après sa tentative de suicide. Il rapporte au médecin qu’il ne se sent jamais accepté comme il est, qu’il soit en Russie ou au Canada. Même à Montréal, il ne se sent en sécurité qu’avec ses ami·e·s. Il dit regretter être en vie. Il révèle aussi consommer régulièrement beaucoup d’alcool et de drogue. À sa sortie de l’hôpital, un suivi étroit est mis en place.

Mei

Femme ayant immigré à un âge avancé, elle a des conflits avec sa belle-fille chez qui elle vit.

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Mei commence à se confier à Jia. L’infirmière remarque qu’elle passe presque toute la journée seule et suppose que sa présence lui permet d’échanger avec quelqu’un. Bien que Mei ne se plaigne pas, Jia apprend qu’elle a beaucoup de mal à se créer un cercle social en dehors de sa famille au Québec à cause de ses enjeux de mobilité.

Mei exprime souvent son désir de rejoindre ses frères et sœurs décédé·e·s. Après un moment de silence respectueux, Jia, inquiète, lui demande si elle pense au suicide. Mei répond que non. Jia accepte sa réponse, mais lui fait part de ses inquiétudes, expliquant qu’elle a rencontré plusieurs personnes dans une situation similaire qui ont vécu de la détresse. Elle lui dit être disponible pour en parler si Mei en ressent le besoin.

À la fin d’une visite, le fils de Mei confie à Jia que sa mère a tenu des propos alarmants. Jia l’écoute attentivement et lui assure qu’elle prend la situation en charge. Si Mei consent, elle pourra le tenir informé de la suite des démarches.

Lorsque Mei répète son désir de disparaître, Jia lui demande à nouveau si elle songe à s’enlever la vie. Mei répond que oui. L’infirmière prend le temps de l’écouter, souligne l’importance et le courage de partager sa détresse et la remercie pour sa confiance.

Jia propose d’impliquer un·e professionnel·le habilité·e à intervenir auprès des personnes qui ont des idées suicidaires, tout en assurant qu’elles pourront continuer à discuter ensemble.