Réflexion et engagementRéflexion et sensibilisation

La prévention du suicide est une responsabilité collective qui dépasse le cadre de l’intervention. Il importe de tenir compte des réalités vécues par les groupes ciblés par cette trousse afin que les services offerts répondent à leurs besoins spécifiques. 

 Cette page propose : 

  • L’activité « Connaître les populations desservies »  
  • Des pistes d’action pour adapter les services

Activité « Connaître les populations desservies » 

Les organisations peuvent envisager plusieurs voies pour adapter les services à la diversité culturelle et aux enjeux liés au parcours migratoire. Pour ce faire, une compréhension des profils et besoins des personnes appartenant à des communautés ethnoculturelles minoritaires et/ou racisées, des personnes immigrantes, des personnes réfugiées ou des personnes en demande d’asile sur le territoire desservi est indispensable.

En équipe :

  • Interrogez-vous sur votre connaissance de ces groupes sur le territoire 
  • Faites une analyse des groupes qui utilisent ou n’utilisent pas les services offerts 

Pour appuyer votre réflexion, consultez la section Groupes ciblés par la Trousse Horizons dans la page Ressources. 

Pistes de réflexion et discussion

Profils 

  • Quelles communautés ethnoculturelles vivent sur le territoire? 
  • Quelles communautés immigrantes vivent sur le territoire? 
  • Quels profils migratoires sont représentés (étudiant·e·s internationaux·ales, personnes réfugiées ou personnes en demande d’asile, travailleuses et travailleurs saisonnièr·e·s, etc.)? 

Migration forcée 

  • Les personnes réfugiées ou les personnes en demande d’asile sur le territoire appartiennent-elles majoritairement à une communauté ethnoculturelle spécifique? 
  • Dans quel contexte ont-elles quitté leur pays? Que peut nous révéler ce contexte sur leurs besoins? 
  • Comment le contexte politique et social au Québec les affecte-t-elles (programme d’accueil après un conflit, discours public, etc.)? 

 Adaptation des services 

  • Est-ce que ces groupes ont des besoins spécifiques liés à la langue, au statut migratoire, au logement, à la religion, à la santé (physique, mentale et sociale), à l’intégration, etc.? 
  • Comment répondons-nous à ces besoins? 
  • Si nos services sont couverts par la RAMQ, sommes-nous inscrits au Programme fédéral de soins intérimaire (PFSI) pour les personnes en demande d’asile? Pour plus d’informations, voir le guide PFSI du CERDA. 
  • Quels facteurs facilitent ou limitent l’adaptation des services à ces besoins? 
  • Quels organismes sur le territoire répondent à ces besoins?  
  • Quels sont les liens entre notre équipe et ces organismes? 

 Utilisation des services 

  • Quels groupes utilisent nos services? Lesquels ne les utilisent pas? 
  • Quelles sont les différences selon l’âge? le sexe/genre? le statut migratoire? 
  • Quels sont les facteurs qui facilitent l’accès aux services? Quelles sont les barrières? 

 Promotion et sensibilisation  

  • Comment sensibiliser ces groupes à l’enjeu du suicide et aux ressources disponibles de manière efficace?  
  • Comment les rejoindre avec du matériel de sensibilisation (radio, médias sociaux, journaux, lieux culturels, organismes communautaires, bibliothèques, magasins, salons de coiffure, etc.)? 
  • Quels mécanismes mettre en place pour aller à la rencontre des groupes, connaître leurs besoins et faire connaître nos services? 
  • Pouvons-nous solliciter certain·e·s professionnel·le·s en contact avec ces groupes (médecins de première ligne, organisations communautaires, etc.) pour faire connaître les services disponibles? 

Pour vous assurer de suivre les bonnes pratiques de communication en prévention du suicide :

Pistes pour l’adaptation des services 

Afin d’adapter les services à la diversité culturelle et aux enjeux liés à la migration, les organisations peuvent explorer les actions suivantes selon leur milieu, leur mandat, leurs capacités et leur taille.

  1. Fournir aux employé·e·s le temps et l’accompagnement nécessaires pour développer, dès la prise de poste et de manière continue, les savoirs, savoir-faire et savoir-être adaptés. Cela inclut la compréhension des enjeux liés à la diversité culturelle, la migration et l’intégration, l’approche interculturelle, la gestion des biais implicites et le travail avec des interprètes.
  2. Créer et entretenir des espaces de partage sécuritaires pour permettre à l’équipe de réfléchir et de discuter d’enjeux, inconforts, incertitudes et points de vue liés aux cas cliniques ou aux orientations de l’organisation. Voir la page Prendre du recul.
  3. Diversifier le personnel pour mieux refléter la diversité des populations desservies et/ou recruter des personnes ayant de l’expérience de travail avec les personnes appartenant à des communautés ethnoculturelles minoritaires et/ou racisées, immigrantes, réfugiées ou en demande d’asile.
  4. Développer des connaissances sur les populations desservies pour évaluer ou adapter les services. Des populations peuvent être ciblées selon l’âge, le genre, le profil migratoire, la communauté ethnoculturelle, etc. Les méthodes de collecte de données (suivi post-intervention, données démographiques, groupes de discussion, sondages, etc.) ainsi que les types d’informations recueillies (témoignages, expérience vécue, données quantitatives ou démographiques) varient.
  5. Établir des partenariats avec les organisations impliquées dans la prévention du suicide ou auprès des populations que vous aurez ciblées. Cela peut inclure des centres de prévention du suicide, des centres de crise, des organismes offrant divers services (alimentation, logement, intégration, aide aux personnes victimes de violence, santé mentale, etc.), des écoles, des lieux de culte, etc. Ces partenariats facilitent le référencement selon les besoins identifiés et l’échange d’informations. Voir la page Élargir le filet.
  6. Organiser des dialogues entre les services publics, les organisations communautaires et des populations que vous aurez ciblées pour mieux comprendre leurs besoins. Collaborer avec des acteurs clés au sein de ces populations peut aussi aider à organiser des activités communautaires qui renforcent les liens sociaux et le repérage des personnes présentant certaines vulnérabilités.
  7. Tenir compte des besoins linguistiques en offrant des services d’interprétariat, des informations multilingues, des applications multilingues, etc. Voir la page Communication interculturelle.
  8. Fournir les ressources et le soutien nécessaires pour prendre en compte des besoins spécifiques dans l’intervention, comme du temps supplémentaire pour travailler avec les interprètes, de l’information sur les services ou des référencements personnalisés. Les services peuvent aussi adapter leurs horaires, offrir des consultations sans rendez-vous ou donner des informations multilingues.
  9. Mettre en œuvre des actions de sensibilisation culturellement adaptées sur la santé mentale et le suicide. Ces actions peuvent viser un groupe spécifique ou non, utiliser divers supports (affiches, séances d’information, réseaux sociaux, radio, etc.) et aborder des sujets variés (services offerts, stigmatisation, prévention du suicide, droits des usager·ère·s, premiers soins en santé mentale, etc.). L’adaptation peut concerner la forme (langue, idiomes, symboles, personnes ou personnages représentés), le contenu (enjeux importants pour la communauté) et la stratégie de diffusion (lieu, médium, personne ou organisation porteuse). Pour un guide et des exemples, consultez la page Ressources.
  10. Déployer des efforts pour rejoindre les personnes qui n’utilisent pas les services en adaptant le message et la stratégie de diffusion à différents profils. Si des services sont promus, l’organisme responsable doit avoir les capacités pour répondre à la demande potentielle.
  11. Veiller à ce que toutes les personnes soient informées de leurs droits et mettre en place des mesures pour gérer les situations d’inconfort ou de discrimination. Des enjeux comme la confidentialité avec les interprètes, l’accès aux services selon le statut migratoire ou la présence de traumatismes doivent être pris en compte.
  12. Adapter et organiser des formations (« sentinelles » en prévention du suicide, premiers soins en santé mentale, etc.) pour le grand public, y compris les membres des populations que vous aurez ciblées, en collaboration avec ces dernièr·e·s. Cela peut inclure des acteurs clés comme les leaders religieux ou communautaires, les enseignant·e·s ou les prestataires de services travaillant avec ces populations.